Les dogmes des HEP : les travaux de groupe (II)

post_thumb_default

Les travaux de groupe permettraient une meilleure progression des élèves de par le conflit socio-cognitif qui se mettrait en place.

Après avoir parlé des situations problèmes, nous allons maintenant nous pencher sur une deuxième pratique recueillant toutes les faveurs des pédagogues sévissant dans les écoles pédagogiques : les travaux de groupe. Dans les HEP, les travaux de groupe sont servis à toutes les sauces. Outre les nombreuses injonctions à faire travailler les élèves de cette manière, les futurs enseignants en phase de formation le subissent également personnellement puisqu’on leur demande régulièrement de travailler en groupe.

Quand on parle de travaux de groupe, il s’agit de regrouper quelques élèves autour d’une tâche (documents à analyser, problème à résoudre etc.) à laquelle ils doivent répondre en commun.

Précisons d’emblée que le travail de groupe n’a pas attendu les divagations pédagogiques actuelles pour être appliqué dans les salles de classe et que cette méthode n’a de loin pas que des inconvénients. D’ailleurs, nous commencerons par en relever les aspects positifs avant de nous pencher sur ce qui pose problème.

Récompense et collaboration

Tout d’abord, le travail de groupe permet de varier le rythme d’un cours, de rompre une certaine monotonie. A ce sujet, nous avons déjà relevé dans notre billet sur les situations problèmes qu’il n’était pas forcément bon de faire en sorte que le travail soit plus intéressant, qu’il est bien plus formateur d’apprendre aux élèves à se motiver eux-mêmes plutôt que de faire en sorte que les activités soient plus motivantes. Néanmoins, en restant cohérent, on peut tout à fait imaginer qu’une classe qui travaille bien mérite récompense et donc d’avoir droit à des choses plus intéressantes.

Ensuite, par le biais des travaux de groupe, on peut également se servir des élèves ayant le mieux compris ce qui leur a été enseigné au préalable pour servir de relais et retransmettre avec leurs mots à eux, donc dans un langage plus adéquat, à ceux qui ont plus de peine. Pour ce faire, il faut simplement composer des groupes prenant en compte cet aspect et réunir un élève fort et un plus faible pour que le premier enseigne le second.

Un troisième avantage des travaux de groupe est d’inculquer aux élèves un principe de collaboration : on peut ainsi habituer les élèves à travailler avec des gens avec qui ils n’avaient pas forcément envie de le faire, situation qu’ils risquent bien de retrouver dans leur vie d’adulte future.

Dissipation

Néanmoins, le travail de groupe n’a pas que des qualités, loin s’en faut. Il faut tout d’abord relever que le travail de groupe est générateur (même quand il est correctement effectué par les élèves) de nombreuses nuisances sonores : les élèves s’habituent à parler un peu n’importe comment et, à la longue, la discipline s’en ressent. Cet aspect est largement aggravé par le fait qu’un enseignant qui doit gérer une classe de 20-25 élèves travaillant en groupe, ne peut tout simplement pas vérifier que chacun fait ce qu’il a à faire à chaque moment dans chaque groupe. Par conséquent, le travail de groupe devient l’occasion pour tous ceux qui n’ont pas spécialement envie de travailler, de s’évader dans des discussions n’ayant strictement aucun rapport avec le travail scolaire. Pourvu que le prof ne le remarque pas.

On peut également faire remarquer que dans un travail de groupe, bien souvent, au lieu de s’entraider mutuellement, les élèves délègueront la plupart du travail aux élèves les plus compétents et motivés du groupe. Ce qui revient à dire que pendant que les meilleurs font leur travail, les autres tirent au flanc. Dans cette perspective, reconnaissons que l’objectif est loin d’être atteint.

Division des tâches et des évaluations

Conscients de ce travers, certains théoriciens prônent une stricte répartition des tâches au sein du groupe : il faudrait donner à chacun sa dose de responsabilités en lui attribuant des tâches spécifiques. En admettant que cette consigne soit respectée, on se retrouve donc face à une situation de division du travail. Ce qui signifie que s’il y a 4 élèves dans un groupe et qu’on sépare le travail en 4 opérations bien distinctes (une par élève), on se retrouve face à des élèves qui ne font chacun plus qu’une seule de ces opérations alors que si l’on travaillait individuellement, il ferait les quatre ! Drôle de façon de faire progresser…

A titre d’anecdote, signalons qu’au niveau de l’évaluation, certains pédagogues estampillés HEP prônent la notation collective. Pour eux, il n’est alors plus question d’évaluer les performances individuelles de chaque élève dans ce cadre-là. Au vu de ce qui vient d’être dit plus haut, il est inutile d’argumenter longuement pour démontrer l’inanité de la chose.

Conflits

Outre cela, les travaux de groupe permettraient une meilleure progression des élèves de par le conflit socio-cognitif qui se mettrait en place. C’est là une des raisons phares pour lesquelles les HEP, gavant les étudiants de socio-constructivisme jusqu’à écœurement, promeuvent les travaux de groupe avec autant de vigueur. Le conflit socio-cognitif consiste à faire confronter aux élèves leurs opinions sur un problème, le but étant de faire prendre conscience à l’élève du point de vue de l’autre et, suite à cette prise de conscience, de reformuler son propre point de vue. Pour en arriver à un tel résultat, il faut donc un problème suffisamment complexe à résoudre pour qu’il y ait débat. Sans quoi, le conflit socio-cognitif n’interviendrait tout simplement pas. Or, les HEP oublient que les enseignants en formation vont pour une bonne part, travailler à l’école obligatoire. Et qui dit école obligatoire dit élèves de niveaux radicalement différents les uns les autres.

En bon français cela signifie que les élèves faibles ne parviendront tout simplement pas à formuler une opinion cohérente et donc entrer dans cette phase dite conflictuelle. C’est oublier également que de nombreux élèves ne sont tout simplement pas motivés et donc n’auront pas forcément envie d’exprimer leur opinion.

Il s’agirait ensuite de ne pas oublier qu’il existe des élèves plus charismatiques, plus populaires et/ou plus extravertis qui risquent de prendre le dessus même s’ils ont une opinion qui ne vaut pas grand-chose. On a beau mettre tous les garde-fous que l’on veut, ce n’est humainement pas possible d’éviter que cela arrive lorsqu’on est face à 5 à 6 groupes travaillant simultanément dans le bruit.

Enfin, signalons encore que les travaux de groupe ont une fâcheuse manie de tirer en longueur et s’avèrent donc à bien des égards chronophages.

On le voit aisément, les pédagogues ont la fâcheuse manie de penser que les élèves sont tous doués, travailleurs et de bonne volonté. La réalité, elle, est à des années-lumière de cela. Alors les travaux de groupe, oui, mais certainement pas selon les méthodes prescrites par les HEP…

 

Voir encore à ce propos: Les dogmes des HEP : la situation-problème (I)

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.