Avortement forcé: La Suisse a financé

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« L’avortement et la stérilisation obligatoires sont des violations insignes des droits de l’homme et devraient être une préoccupation majeure de la communauté internationale, comme des Chinois eux-mêmes ».

La presse romande a terminé sa semaine sur l'histoire tragique, mais néanmoins courante, d'une jeune mère chinoise de 27 ans, Feng Jianmei, avortée de force au septième mois pour n'avoir pas pu régler les 40.000 yuans (5'990 francs) d'amende suite à son infraction à la politique de l'enfant unique.

Persécution des femmes

Les militants opposés au contrôle des naissances dénoncent des exactions par milliers. Nombre d'entre eux ont été condamnés à des peines de prison, comme la militante Mao Henfeng, avortée de force et astreinte à dix-huit mois de « rééducation par le travail » dans un camp parce qu’elle persistait à adresser des requêtes aux autorités. Elle protestait, en 2005, contre l’avortement forcé qu’elle avait subi il y a plus de quinze ans. Au camp de travail, Mao Hengfeng aurait été ligotée, suspendue au plafond et sauvagement battue. Dans le passé, elle a été internée à plusieurs reprises dans des unités psychiatriques, où elle a été soumise, contre son gré, à un traitement aux électrochocs.

Dans son rapport 2005, Amnesty international écrit que « la mise en œuvre du planning familial a continué de donner lieu à de graves violations perpétrées contre des femmes et des jeunes filles, notamment des avortements et des stérilisations forcés. En juillet, les autorités ont publiquement réaffirmé l’interdiction de pratiquer l’avortement sélectif des filles afin de rééquilibrer la proportion des naissances, celles-ci étant marquées par un excédent masculin croissant ».

Une photo

Tout ceci constitue le quotidien des femmes chinoises, depuis les années 70, dans une indifférence internationale généralisée, jusqu'à cette photo de cette jeune femme allongée aux côtés de son enfant mort, avorté de force par des autorités qui ont d'abord tenté de nier avant de devoir céder sous le poids des évidences. Un calvaire et une simple photo, mais si dure et si proche de cette réalité de l'avortement que l'on peine à concevoir sous nos latitudes, que personne n'a osé la publier en Suisse. Elle est ici, ou encore ici (attention, âmes sensibles s'abstenir), elle dit tout et elle fait mal.

Il aura fallu pas moins de cinq hommes pour enlever Jianmei, l'emmener à l'hôpital, la forcer à appuyer son pouce imbibé d'encre sur un formulaire et lui administrer l'injection abortive. « Je pouvais sentir mon bébé sauter et s'agiter en moi, mais, après, il n'a plus bougé » a-t-elle déclaré à Chai Ling, fondatrice de l'association pour le droit des petites filles à naître ALL GIRLS ALLOWED. Ils l'ont forcé, elle a eu mal, elle souffre encore de diverses séquelles dues à « l'intervention ». « Je souhaite que tous les autres enfants du monde soient heureux, en bonne santé et remplis de joie » a-t-elle confié à Chai Ling en guise de conclusion.

Un programme de l'ONU

Le scientifique américain Stephen Mosher, président du Population Research Institute (PRI), est connu pour avoir été le seul scientifique du domaine social nord-américain autorisé à conduire des recherches en Chine de 1979 à 1980. Il faisait partie du groupe des cinquante premiers scientifiques américains autorisés à pénétrer sur le territoire chinois sous le régime communiste. Il en est revenu avec un témoignage accablant des conséquences de la politique de l'enfant unique en Chine. Témoignage qui l'a fait figurer, pendant dans de longues années, sur la liste noire des espions internationaux tenue par le gouvernement chinois. Gouvernement qui a exigé, et obtenu, la radiation de son doctorat de l'université de Standford sous la menace de priver les Etats-Unis de toute recherche sur son territoire.

L'idée de la politique de l'enfant unique n'est pas venue seule à la Chine (ni à l'Inde, qui la pratique dans certaines régions) mais a été fortement inspirée par les puissances occidentales, tremblantes devant le fantasme du péril jaune, qui ont imposé, en échange de divers apports pécuniaires, différents programmes dits de « santé sexuelle » dans le cadre, notamment, des fameux « Objectifs du millénaire ». La majorité de ses programme ont été appliqués par l'intermédiaire du Fond des Nations-Unies pour la Population (FNUAP).

Violations des droits de l'homme

Le crime de Mosher est d'avoir démontré, dans les années 80, devant le Congrès des Etats-Unis, les liens directs entre le financement de la politique de planning familial du FNUAP et les violations des droits de l’homme commises en Chine. Ronald Reagan fit supprimer aussi sec les millions de dollars de subventions annuelles du gouvernement américain au FNUAP, Bill Clinton les fit rétablir, George W. Bush les supprima à nouveau et le président Obama les restaura trois jours après son entrée en fonction, augmentant la contribution de 34 à 50 millions de dollars.

Les accusations de Stephen Mosher furent confirmées par diverses enquêtes du Congrès US, dont la plus fournie fut menée en 2001 (mentionnée ici), ce que le FNUAP peine encore à reconnaître aujourd'hui. Suite à ces investigations, Arthur Dewey, adjoint au secrétaire d'Etat des Etats-Unis pour le bureau de la population, des réfugiés et de l’immigration, a déclaré, en décembre 2004, que: « Le soutien du FNUAP et sa participation aux activités de contrôle de la population du gouvernement chinois permet audit gouvernement de mettre en application de manière plus efficace encore son programme d'avortement coercitif, et, de ce fait, tombe sous le coup de l’interdit de Kemp-Kasten, lequel condamne toute organisation qui soutient ou participe à la gestion d'un programme d'avortement coercitif ou de stérilisation involontaire... 
La loi de planification des naissances chinoise et son règlement d’application maintiennent sévèrement des éléments de coercition dans la loi et la pratique. L'avortement et la stérilisation obligatoires sont des violations insignes des droits de l'homme et devraient être une préoccupation majeure de la communauté internationale, comme des Chinois eux-mêmes. Malheureusement, nous n'avons pas rencontré suffisamment de bonne volonté chez les autres membres de la communauté internationale pour se dresser avec nous sur ce créneau de la défense des droits de l’homme ».
Impression corroborée par l'ancien secrétaire d'Etat Colin Powell: « Le FNUAP aide à améliorer l'administration des bureaux locaux du planning familial, lesquels accordent, d’une part, de larges allocations et, d’autres part, de nombreuses pénalités qui contraignent très efficacement les femmes à l’avortement ».
En Suisse
Bien qu'interrogées à diverses reprises sur les corrélations entre FNUAP et avortement forcé, les autorités helvétiques n'ont jamais souhaité s'exprimer sur leur contribution volontaire, non soumise à votation populaire, de 14,7 millions annuels, soit 2 millions de plus qu'il y a cinq ans.
Sur le site de la DDC, la Confédération se persuade sans ironie que sa donation contribue à appliquer, dans la lumière des « Objectifs du millénaire », des « programmes encourageant la sensibilisation générale et assistant les femmes, les hommes et les jeunes dans les domaines suivants : planification familiale et prévention des grossesses ; suivi pendant la grossesse, aide à la naissance et assistance aux nouveaux-nés ; prévention et traitement des maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH / sida ; lutte contre la violence à l’encontre des femmes ». Ce dernier point prend une saveur particulière au vu d'une polémique qui a eu un retentissement mondial et dont le gouvernement ne peut raisonnablement rien ignorer.
14,7 millions restent une paille devant les 847 millions de dollars US de contributions volontaires mondiales. Un programme à presque 1 milliard de dollars pour empêcher les pays émergents de faire des enfants.
Le droit condamne
En février 2005, une requérante d’asile au Canada, originaire de Chine, Li Min Lai, ayant travaillé à la « Fushun Bus Company (la Société) à titre de directrice du Bureau de la planification familiale ». Selon la décision du 8 février 2005 de la Cour fédérale du Canada, Li Min Lai « n'a jamais obligé une femme à se faire avorter. Elle a plutôt eu recours à des arguments, à l'éducation ainsi qu'à des incitatifs financiers pour persuader les femmes de se conformer à la loi. Elle a eu beaucoup de succès. Après 1985, chaque employée qui est tombée enceinte en contravention des lois en matière de planification familiale a accepté de se faire avorter pendant les trois premiers mois de sa grossesse ». 
Cependant, « en mai 2000, la demanderesse a découvert que Yuan Wang, la belle-fille du directeur général de la Société, était enceinte de six mois, malgré qu'elle eût déjà une fille. Par la suite, la demanderesse s'est rendue  tous les deux jours à la maison de Yuan Wang et y demeurait de trois à six heures. Durant ces visites, la demanderesse a dit à Yuan Wang que si elle avait l'enfant :
- elle et son mari perdraient leurs emplois bien rémunérés
- ils se verraient imposer une amende
- ils ne pourraient enregistrer leur deuxième enfant au registre familial, ce qui aurait pour conséquence que l'enfant ne pourrait pas s'instruire
- elle serait arrêtée
Apparemment, toutes ces menaces étaient vraies, sauf la dernière. La demanderesse a affirmé qu'elle avait ajouté la dernière menace lorsque le timing était devenu critique. Éventuellement, Yuan Wang a accepté et la demanderesse l'a accompagnée à l'hôpital pour qu'elle se fasse avorter (l'avortement). Par la suite, la demanderesse a appris que le père de Yuan Wang tentait de se procurer un faux certificat médical, ce qui aurait permis à Yuan Wang d'avoir l'enfant. 
La demanderesse a prétendu que le fait d'avoir persuadé Yuan Wang de se faire avorter avait entraîné pour elle de graves conséquences. Les fenêtres de sa maison ont été fracassées, elle a été sauvagement battue à trois reprises et elle a perdu son emploi. La police n'est pas intervenue et le Bureau de la sécurité publique (le BSP) l'a pourchassée. Elle a demandé de l'aide auprès des autorités de la planification familiale provinciale et auprès de la section des plaintes du peuple, mais personne n'a rien fait.
Enfin, la demanderesse a payé un agent qui l'a aidée à quitter la Chine pour le Canada. La demanderesse est arrivée au Canada le 26 septembre 2001 et a revendiqué le statut de réfugié le 18 octobre 2001 ».
Dans sa décision, le juge Sandra Simpson a conclu que « sa version des faits quant à la persécution de la part des autorités était invraisemblable », mais que « la demanderesse avait « forcé » Yuan Wang à se faire avorter en exerçant sans relâche une pression extrême ». En conséquence, ladite demanderesse devait être « exclue du statut de réfugié au sens de la Convention parce qu'elle avait commis un crime contre l'humanité ».
Adrien de Riedmatten 

Un commentaire

  1. Posté par Inma Abbet le

    Merci pour cet article qui m’a fait pleurer. Une fois de plus, la barbarie communiste dans toute son horreur. Mais la bonne nouvelle, c’est que cette politique ignoble est de plus en plus contestée par les Chinois eux-mêmes, et que, pour cette raison, elle ne survivra pas longtemps.

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