Asile, les requérants dans des centres fermés? Interview exclusive

La criminalité issue de l'asile est en constante progression: + 831 cas l'an dernier. 5,5% des infractions au code pénal (contre 4,3% en 2010), 6% des infractions à la loi sur les stupéfiants, 11% à la loi sur les Etrangers sont du fait de requérants d'asile, lesquels ne constituent pourtant une population que de 36'000 personnes seulement. Et encore cette statistique ne tient-elle pas compte des requérants déjà déboutés en attente d'un transfert.

L'Assemblée fédérale ne pouvait, par conséquent, éviter la question en cette session d'été, et la Commission des institutions politiques du Conseil national, dirigée par le Vert genevois Ueli Leuenberger, a décidé de réagir, le 11 mai dernier, par diverses propositions en vue d'une modification de la loi sur l'asile.

Le 31 mai, la Commission a rajouté 3 propositions, dont la seconde, adoptée à 17 voix contre 8, dit ceci: «La commission propose que les requérants d’asile récalcitrants et délinquants puissent être hébergés dans des centres spéciaux. Les cantons dans lesquels se trouvent un centre auront désormais la possibilité de restreindre la liberté de mouvement des requérants en leur assignant un périmètre qu’ils ne pourront pas quitter».

Voilà qui devrait, si la proposition devait être acceptée, contenir quelque peu et pendant quelque temps les débordements de la criminalité du fait de requérants d'asile, et cela sans devoir en diminuer le nombre.

L'interview

«La situation, actuellement, est dramatique», a déclaré la conseillère nationale PLR vaudoise Isabelle Moret (photo) aux Observateurs, «en particulier à Chiasso qui reçoit dix fois plus de personnes qu'il y a 5 ans». Particulièrement sensible à ce genre de thématique, la conseillère s'est dite choquée par l'immobilisme du Conseil fédéral en la matière: «J'ai été très frappée que, lorsque l'on a commencé l'étude de la loi, la première chose que Mme Sommaruga nous ait dit ait été: «On ne résoudra pas le problème de l'asile», et ça, ça m'avait beaucoup choquée, on ne peut pas répondre cela au citoyen».

L'asile, en soi, n'est pas le problème, la situation semble avoir connu des changements suite au Printemps arabe: «On est confronté à une recrudescence des demandes d'asile dues aux évènements dans les pays d'Afrique du nord, notamment, et du Proche-Orient. On est revenu à la situation d'il y a dix ans avec un nombre de requêtes par année qui est énorme et qui continuera à être important l'année prochaine, c'est pour ça que l'Office des migrations a prévu d'engager 140 personnes pour faire face à cet afflux. Cet afflux de personnes qui demandent l'asile crée des problèmes à plusieurs niveaux».

Sur le terrain

La députée vaudoise ne connaît pas la langue de bois pour décrire la réalité de la situation: «Sur le terrain, il y a une vraie problématique. En particulier il y a beaucoup de jeunes hommes qui viennent pour des raisons économiques, et certains, parfois, posent problème dans les centres, dans la mesure où ils perturbent la vie des centres et en particulier l'accueil qu'on peut offrir aux personnes qui sont en danger dans leur pays et qui viennent demander l'asile dans la pure tradition humanitaire de la Suisse». Tradition à laquelle le PLR se veut farouchement attaché.

«Ces personnes-là, on ne peut plus les accueillir correctement, parce qu'on n'a pas suffisamment de place et que il y a des perturbateurs parmi les personnes qui viennent pour des raisons économiques dans notre pays».

Bagarre entre ethnies

«Il faut trouver un moyen de protéger les familles, les malades, les personnes particulièrement vulnérables... Il y a toute une série de jeunes hommes qui perturbent la vie des centres en créant, par exemple, des bagarres entre ethnies. Il faut pouvoir séparer ces personnes-là, qui créent des bagarres dans les centres, des personnes qui viennent pour obtenir l'asile dans notre pays».

Reste à bien distinguer la notion de «récalcitrants» de celle de «délinquants»: «Ce sont des personnes qui commencent à commettre des incivilités comme, par exemple, dans le canton, d'Argovie, depuis le début de l'année, il y a 500 voitures qui ont été brûlées (en fait cambriolées, deux centres ont été brûlés en Argovie) par ces jeunes hommes».

Ras-le-bol de la population

La Commission a auditionné le chef des garde-frontières et la responsable du centre de Chiasso: «On a entendu la situation qui est catastrophique, à Chiasso, mais aussi à Vallorbe, à Genève et dans les cantons qui sont frontières. La situation, telle qu'elle est, n'est plus tenable, et on ne peut pas accueillir dignement les personnes qui doivent obtenir l'asile dans notre pays s'il y a des personnes qui commencent à créer des bagarres dans les centres d'accueil, à mettre le feu aux couvertures ou à mettre le feu aux voitures dans les villages qui entourent le centre de requérants.

Il y a un ras-le-bol de la population qui réside autour de ces centres, qui commence à avoir peur de ces affrontements dans les gares, auprès des Mc Donald, et qui demande aux autorités de réagir.

Selon Isabelle Moret, l'un des moyens est de dire à ces personnes qui perturbent les autres requérants d'asile: «Soit vous respectez la règle de vie du centre soit on vous sépare et on vous sanctionne. Ce ne sont toujours qu'une poignée de personnes qui peuvent créer un désordre important».

Donner les moyens aux cantons

Les centres ne seront pas spécifiquement fermés mais disposeront d'un périmètre, à fixer par les cantons, au-delà duquel les requérants ne pourront pas se déplacer: «Les trois partis de droite, nous sommes unanimes pour apporter une réponse à la situation. Nous, dans nos cantons, entendons les gens qui réclament et qui disent qu'on ne peut pas continuer comme cela. Nous avons fait attention à ne conserver que les amendements qui respectent la tradition humanitaire de la Suisse et les conventions internationales. Pour nous, le PLR, c'est essentiel.

Vu l'urgence de la situation, l'on n'a pas pu effectuer toutes les auditions nécessaires, en particulier celles des cantons», ce qui devrait fait cet été en prévision de la session d'automne.

Parcage ethnique?

A la question, délicate, d'une éventuelle séparation des ethnies, la conseillère nationale ne se démonte pas: «Il est clair qu'il y a des problèmes entre ethnies, et que l'idéal serait de pouvoir prévenir des bagarres entre ces ethnies. Ces personnes qui arrivent et qui demandent de l'aide à notre pays ont vécu souvent des choses difficiles. Il faut pouvoir les accueillir avec dignité mais aussi doigté. Les mettre dans endroits où il y a des bagarres perpétuelles, ce n'est pas digne. Ce sont aussi des gens qui ont souffert et vous les faites encore souffrir dans des endroits où vous avez des personnes qui, elles, n'ont pas souffert, mais qui viennent uniquement pour des raisons économiques. Il faut trouver une solution qui règle la problématique de ces jeunes hommes dont l'unique but de pouvoir envoyer de l'argent dans leur pays».

Solutions a spectre large

La radicale vaudoise n'évite aucun sujet, la forme de l'accueil n'est pas le seul problème, la Suisse doit adapter sa politique d'asile à ses voisins européens pour perdre en attractivité: «Il faut faire en sorte que la Suisse ne soit pas plus attractive que les pays européens. Le principe de Schengen-Dublin était que, lorsqu'une personne hors-Schengen arrive dans l'espace Schengen, dépose sa demande d'asile dans le premier pays, c'était à ce premier pays de traiter sa demande d'asile.

Logiquement, la Suisse étant au milieu de l'espace Schengen, il n'y aurait dû plus avoir que les personnes qui voyagent par avion ou bien qui ont déposé leur demande auprès de l'ambassade qui arrivent en Suisse pour une demande d'asile. Et ce n'est pas le cas, on voit très bien que ces personnes, qui viennent pour des raisons économiques dans notre pays, en fait, ne déposent pas une demande d'asile en Italie. Ils transitent par l'Italie et ils viennent en Suisse, parce qu'ils savent qu'en Suisse, la procédure est beaucoup plus longue: plus d'une année pour obtenir une réponse définitive. Pendant ce temps ils continuent de bénéficier de l'aide sociale en Suisse, comme toute personne qui peut bénéficier de l'aide sociale, quasiment.

Le niveau de notre aide sociale est plus élevé que dans les autres pays européens, en particulier en Italie. Ces personnes qui viennent pour des raisons économiques savent qu'ils seront beaucoup mieux traités en Suisse qu'ailleurs en Europe, c'est ce qui fait l'attractivité de notre pays. Donc on doit prendre des mesures pour que notre pays applique, grosso modo, les mêmes règles que les pays européens.

Il faut que la Suisse ne soit pas plus attractive que les pays qui nous entourent, sinon le système de Schengen-Dublin ne sert plus à rien. L'objectif était qu'ils déposent leur demande d'asile en Italie et que ce soit l'Italie qui traite la demande».

Un débat à faire

Le PLR réclame une débat ouvert et conscient des réalités du quotidien des réfugiés: «Ce serait intéressant d'avoir le débat. Je crois que la gauche n'entend pas, il faut qu'elle aille visiter les centres, il faut qu'elle aille voir les gens sur place, écouter ce qui se passe, le ras-le-bol de la population.

Mais la population, je pense qu'elle tient à cette tradition humanitaire de la Suisse. On a réalisé que les personnes les plus fragiles devaient être particulièrement protégées, c'est cela qui nous tient à coeur.

Le PLR déposera une demande personnelle en plenum. En relisant la loi on s'est dit qu'il fallait vraiment pouvoir mieux protéger les familles, les malades et les personnes qui ont des besoins particuliers et on va déposer un amendement demandant que ces personnes-là aient un accueil qui soit particulier. Parce que si on met des sanctions plus dures pour ces jeunes hommes qui viennent pour des raisons économiques, il ne faut pas que ça touche les familles. Parce que des gens qui viennent avec des enfants, ils viennent pour la plupart parce qu'ils sont vraiment persécutés dans leur pays. On ne met pas ses enfants en danger si c'est uniquement pour chercher un travail. Les personnes qui viennent avec des enfants, les mineurs seuls, les malades, doivent avoir un traitement particulier, et cela, pour nous, c'est essentiel».

 

http://www.swisscom.ch/sme/kombi_angebote/index.htm?languageId=fr

5 commentaires

  1. Posté par Olivier Pitteloud le

    J’applaudis cet article ainsi que les commentaires précédents ! La gauche a beau jeu d’invoquer la « tradition humanitaire de la Suisse » pour justifier tous les débordements possibles et imaginables : y’en a marre !

  2. Posté par Amarillys Taylor le

    Il ne fait pas de doute que le conseil fédéral et sa représentante Mme Somaruga, ne font pas le travail que le peuple attend d’eux, à savoir: prendre le contrôle de l’inmigration,refouler les demandeurs d’asile criminels et ceux qui sont venus pour des raisons économiques et qui causent des problèmes dans les centres d’asile. Malheureusement , la Suisse ne peut assumer tous les problèmes du monde, Shengen n’a rien résolu et il ne sert a rien d’attendre une solution a nos problèmes des autres. Comme à son habitude,la gauche dépense allégrement l’argent des autres sans payer de leur personne.

  3. Posté par Dominique Schwander le

    Il n’y a aucune raison qu’un requérant d’asile soit mieux traité, logé et nourri qu’une recrue d’infanterie, sauf si une famille suisse le reçoit chez elle à ses frais.

  4. Posté par Livia Varju le

    Les etrangers qui commettent de crimes, meme soi-disant « petits », doivent etre enfermes et puis jetes hors du pays toute de suite. Leur demande d’asile ne doit certainment pas etre considere. Petit crime devient grand et on ne veut pas de futur Suisses de ce calibre. Il est incroyable que 500 voitures ont été brules en Argovie par les demandeurs d’asile et en plus de couvertures, et ils sont encore en Suisse. Un criminel n’est plus un demandeur d’asile. Il faut proteger ce beau pays et les Suisses qui l’ont fait.
    La Suisse est trop attractive pour les criminels qui savent qu’ici tout est permis, on peut tranquillement commetre de crimes en toute liberte. Pourquoi cette laxisme, on ne comprend pas. A Geneve, par exemple, il y a de travaux partout; la gare de Cornavin est en train d’etre agrandie bien que je voyage souvent en train et je n’ai pas remarque que c’était trop petite. Meme au Jardin botanique on a detruit le petit restaurant pour le remplacer par un grand. Tous ces travaux ne sont pas urgent et souvent pas necessaires. Il faut les arreter pour batir un prison, nettoyer nos rues de cette racaille et les enfermer jusqu’au leur renvoi, par force si necessaire. Le renvoi de criminels serait contre les conventions internationales ? Alors il faut changer ces conventions stupides au lieux de nous laisser d’etre domines par les criminels. Comme les autorites ne nous protegent pas, la population n’aura pas d’autre solution que de porter des armes.
    Pour conclure, oui, il faut mettre les demandeurs d’asile delinquents/ criminels dans les prisons et les demandeurs d’asile deboutes dans les centres fermes jusqu’au leur depart pour qu’ils n’augmentent pas la population criminelle.
    Livia Varju

  5. Posté par conrad hausmann le

    Istambul plus de 12 millions d’habitants et plus de 1 million de « candidats  » qui vont TOUS finir en Europe,ils viennent d’Asie.Dans le sud c’est tout le maghreb qui préfère l’Eu et la Suisse au « printemps arabe »9. Nous subissons un envahissement total et irréversible. Et que disent les politiques et socialistes : Qu’ un homme n’est jamais illégal et déjà ils donnent de l ‘ argent mais pour le moment surtout à ceux qui causent des méfaits.

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